C’est dans son cadre d’origine, un hôtel Napoléon III, qu’est présenté la collection d’objets d’art d’extrême-Orient du 17ème au 19ème siècle du dramaturge dont le nom reste attaché au musée.
Une étonnante collection – près de 7000 objets – rassemblée par Clémence d’Ennery au siècle dernier – conservée dans son grandiose cadre « Napoléon III » d’origine.
Certains musées doivent leur existence à la passion d’un collectionneur ou au génie d’un savant, d’un explorateur, d’autres ont une origine beaucoup plus romantique : tel est le cas du musée d’Ennery.
En 1881, l’élégante et spirituelle Madame Desgranges épousait enfin son amant, l’écrivain Adolphe Philippe dit D’Ennery (1811-1899) que la gloire venait de couronner et Napoléon III d’annoblir. Il fut l’écrivain le plus prolifique, auteur de romans sentimentaux et de pièces mélodramatiques aujourd’hui bien oubliés (« Les Deux Orphelines » connurent un succès retentissant et déplacèrent les foules …)
Pour aider à la carrière de son époux, donner du lustre à son salon mais aussi pour bien placer sa fortune, Madame d’Ennery, portée par le grand mouvement orientaliste alors en vogue, décide de monter une collection d’art chinois et japonais.
Pour ce faire, elle n’entreprend pas de lointains voyages mais visite les grands antiquaires du moment, Bing, Burty, Sichel, et « chine » également « Au Bon Marché » ou dans les boutiques de curiosités. Peu à peu, dans sa grande demeure de l’Allée du Bois – l’actuelle avenue Foch – se profile une intéressante collection, présentée dans de précieuses vitrines et de vastes armoires, en bois sombre incrusté de nacre, commandées par madame d’Ennery elle-même : céramiques de Kyôto des XVIIIe et XIXe siècles, si rares que l’on n’en trouve plus au Japon actuellement, objets d’art « Namban » (style né du contact entre les japonais et les portugais entre 1543 et 1630), tels ces coffres à dos d’âne en bois laqué-peint, incrustés de nacre, dont les motifs fleuris ou géométriques sont inspirés de l’Occident. Fait piquant : certains coffres, découverts par Madame d’Ennery dans le grenier familial, auraient été rapportés du Japon par un ancêtre qui ainsi serait l’initiateur de l’intérêt de la jeune femme pour le Japon.
Tant chez les antiquaires que dans les « magasins », Madame d’Ennery découvrit ces étranges animaux et chimères, ces grands masques qui ornent tous jours les murs et qui effrayaient tant ses invités. Elle constitua aussi une rare collection de 300 netsuke : depuis l’époque Tokugawa (1603-1837) ce précieux fermoir, souvent sculpté dans l’ivoire, était le seul bijoux autorisé aux « hommes du 2è rang » (les guerriers samouraï constituant le 1er rang). Enfin, nombre d’objets rares, poupées, porcelaines de la Compagnie des Indes, figurines de pierres dures, statuettes et bronzes, petit mobiler, illustrent la vie quotidienne et les croyances populaires en Chine et au Japon du XVIIe au XIXe siècles.
Cette étonnante collection servit de cadre à des fêtes somptueuses, à des présentations d’opéras, dont les livrets écrits par Adolphe d’Ennery furent mis en musique par Massenet et Gounod et même à des représentations de l’Opéra de Pékin. Au nombre des familiers ou « amis » de la maison se comptaient les frères Goncourt et Georges Clémenceau à qui l’on doit la donation du musée à l’État, en 1907.
Pour ceux qui s’intéressent à l’histoire autant qu’à l’art, le musée d’Ennery évoque bien ce gue fut la vie et la célèbre « gaieté parisienne » au siècle dernier dans son cadre architectural tout en trompe-l’oeil et en « patisseries ». L’hôtel d’Ennery reste le témoin d’un tournant décisif de l’histoire du goût en Occident et de sa fascination pour l’Extrême-Orient.
Adresse : 59 Avenue Foch 75116 Paris
Téléphone : 01 56 52 53 45
Pour s’y rendre :
Horaires :
Site officiel : https://www.guimet.fr/decouverte-du-musee-dennery
14 Rue Stanislas, 75006 Paris, France
32 Rue des Saints-Pères, 75007 Paris, France
21 Rue de Penthièvre, 75008 Paris, France
59 Avenue Foch, Paris, France